07.12.2020
LUMIÈRE SUR
MOHAMED OUACHEN
PORTRAIT
COMÉDIEN, RÉALISATEUR, ACTEUR, PORTEUR DU PROJET BRASS'ART DIGITAAL CAFÉ : PORTRAIT D'UN ACTEUR BELGEMENT DIVERSIFIÉ.
Acteur du paysage belge, réalisateur de la Diversités sur Scènes : du champ au hors-champ, lumière sur un artiste aux multiples engagements.
Scènes d’ici et d’ailleurs : un parcours centré sur la rencontre.
Mohamed Ouachen, artiste bruxellois. Autodidacte par curiosité et par volonté d’apprendre. La scène est l’espace qui lui permet de joindre l’utile et l’agréable. Dire et faire. Exprimer et échanger. Créer et rencontrer.
Très vite, il a pu faire sa place sur la scène artistique bruxelloise dans les années 90 en compagnie de la troupe Dito Dito. Voyage sur les plateaux dans la capitale européenne, en Flandre et plus tard en Wallonie. Il a d’abord fait ses armes chez les Flamands avant de se retrouver à jouer sur les scènes Francophones.
Réalisateur, animateur, acteur socioculturel, c’est par ce dernier que Mohamed a eu d’un coup une lumière qui lui a donné foi en cette ville “andalouse” riche culturellement de sa diversité.
De tout son parcours, sa source d’inspiration : les rencontres. « On peut tellement apprendre en étant dans la collectivité. Pas de dominant, ni de dominé, mais des inspirants et inspirés. La culture et la créativité dans un air d’équité et d’égalité. »
De la culture pour tous.tes au rôle de papa.
Mohamed aime lire, regarder des documentaires – par pour être intelligent mais pour avoir plus de matière à penser. “Lire” c’est “apprendre”, apprendre c’est prendre le temps de méditer, penser, comprendre, raisonner et rationaliser. « Terminer un livre est un moment stimulant et j’espère ne pas voir cette forme de stimulation en voie de disparition »
Marié et papa d’une petite fille – Haniya Ouachen Achab : ces deux sources d’oxygène qui ne manquent pas d’air. « Être père, c’est une transformation radicale. Cela remet l’essentiel au milieu du village. C’est fou comment ma fille me fait grandir. »
Mohamed est aussi comédien et défenseur de “Culture pour tous.tes”. Le théâtre, pour lui, devrait être un lieu qui réunit des personnes complètement différentes que tu fais se rencontrer. Comment ? Par les émotions et la pensée de diverses thématiques en déconstruisant les préjugés et luttant contre toutes formes de discriminations.
Un lieu de cohésion sociale où chacun et chacune jouit d’un droit constitutionnel : celui d’avoir accès à la culture de manière égalitaire.
« L’art transcende et pose des questions. Dis moi ce que tu en penses, je te dirais ce que j’en pense. Dis moi ce que tu ressens, je te dirais sûrement la même chose. Même si nous ne sommes pas d’accord nos émotions peuvent le faire pour nous. L’art est une force de transformation pour un commun ».
Diversité Sur Scènes et scènes belges.
Diversité Sur Scènes est une plateforme de réseau artistique informel qui fait la promotion et la rencontre des artistes à l’image de la diversité bruxelloise. C’est un laboratoire d’événements artistiques dans un croisement entre le citoyen, l’associatif et l’artiste. Un espace à l’image de la ville et dans le respect des identités multiples sans restrictions aucune dans la lutte contre les discriminations, les préjugés et toutes les formes de racismes.
À travers ces laboratoires, Mohamed Ouachen a pu trouver un compromis “à la belge” qui est inspiré par un historien mauresque “accepter la diversité, c’est accepter de perdre une partie de son identité”. D’où l’insistance auprès des politiques et institutions culturelles : c’est le devoir d’accepter de perdre une partie de leur identité pour accueillir cet diversité.
La diversité regroupe à la fois l’origine culturelle mais aussi le point de vue lié à sa propre histoire d’enfant de l’immigration, enfant d’une ville “co-construite” par cette immigration qui enrichit le paysage urbain et culturel. Selon Mohamed, l’identité de Bruxelles existe mais elle ne se situe pas là où elle devrait briller comme sur les scènes artistiques et les médias.
Diversité Sur Scènes, c’est aussi l’accompagnement de ces lieux pour plus d’ouverture, pour atteindre une norme égalitaire et non celle qu’on retrouve pour l’instant : “un homme blanc hétéro de 50 ans”.
« Le quota est, il me semble, une manière “d’imposer” cette égalité et équité pour en faire, dans les années avenir, la norme. Le quota c’est de faire représenter notre société au sein des instances, conseils, assemblées, etc. »
Une jeunesse qui prend part aux débats.
Des rencontres sont primordiales pour penser la ville de demain. Mohamed Ouachen explique qu’il est important que les jeunes prennent leur place dans les débats. Important qu’ils.elles puissent avoir des espaces de liberté, avec leur style, leur langage et interpeller nos politiques sur leur place aujourd’hui dans cette vision qu’on leur impose. Important qu’ils.elles puissent prendre la parole et s’approprient ces questions sociétales.
Continuer à créer, inventer, rêver, construire et déconstruire tout ce qui est possible pour que chaque sujet soit aussi pensé par les jeunes. Cette parole libre n’est pas assez soutenue : sur leurs inquiétudes et leurs interrogations. À eux.elles de choisir leurs interlocutrices.teurs, de se nourrir de réflexion et développer leur sens critique.
TYN est une belle plateforme pour cela. Regrouper des jeunes à l’image de Bruxelles avec des rencontres de « professionnel.les ». « En tant que « professionnel », j’ai été surpris de la vitesse de compréhension des enjeux par les jeunes tout en ne se prenant pas la tête ».
Il y a un proverbe arabe qui dit “La jeunesse est une fraction de folie” que souvent les adultes perdent. C’est pour cela que Mohamed Ouachen considère les jeunes par nature artistes. Ils ont une spontanéité aiguisée qui peut beaucoup plus nous apporter que ce que peuvent imaginer les “adultes”.
Mohamed parle des certaines écoles qui devraient s’inspirer des dynamiques associatives, comme TYN, que les jeunes deviennent acteurs de leur apprentissage.
"Ben-Hur", "La vie c'est comme un arbre" ou la série "Les doubleurs" : zoom sur l'actualité !
Une actualité complexe pour une situation politique et culturelle post-covid toujours incertaine.
Comme beaucoup d’artistes, Mohamed Ouachen survit entre préparation, rêve 2021-2022 et continuité au jour le jour d’être actif pour ne pas fermer l’œil de la créativité. Il est artiste engagé et non enragé : chaque jour qui passe, il pense à l’engagement par l’art. Pour s’exprimer et pour réfléchir. Mohamed explique que l’art émeut, fait voyager notre imaginaire et nourrit tout plein de choses en lui. Il a la chance de faire ce métier pour pouvoir émouvoir mais aussi transmettre, ce qui lui a permis de grandir.
Entre “Ben-Hur”, “La vie c’est comme un arbre”, “L’être ou ne pas être”: Mohamed Ouachen continue ses projets avec deux nouvelles créations en attente. En 2021, il reprendra « L’argent fait le bonheur » de la compagnie Les Voyageurs sans bagage, un Molière populaire à la belge.
Un spectacle prévu pour Avignon 2021 mais avant cela, au Théâtre Molière en février 2021. « Je pense que c’est une œuvre urbaine qui va faire beaucoup parler d’elle. »
Dans sa série lancée au début du confinement « Les Doubleurs », Mohamed Ouachen interprète tous les personnages. Un succès pour lequel il a lancé une deuxième saison !
Et pour finir, il continue d’animer des ateliers vidéos mais surtout de théâtre. Il a également lancé des séances de coaching en groupe et en individuel. L’idée est d’utiliser la parole et le mouvement pour expérimenter le lâcher-prise.
Il partage avec nous un exemple : « c’est l’expérience du corps sans mental, mental sans le corps, émotion sans mental, corps sans émotion. Cela permet d’avoir une plus grand écoute des outils qu’on a pour s’exprimer. »